« Tutti Fratelli »
Henry Dunant, entrepreneur genevois né le 8 mai 1828 et décédé le 30 octobre 1910, connaît un bouleversement majeur en se rendant à Solferino pour une entrevue avec Louis-Napoléon Bonaparte. Devant lui, des milliers de soldats, morts ou gravement blessés, sont laissés à l’abandon dans les fossés, les champs et les vallées. La bataille de Solferino, opposant les troupes françaises et autrichiennes, est l’une des plus violentes sur le continent européen depuis Waterloo, avec un bilan de 40 000 victimes. Face à cette scène tragique, Dunant réagit sans attendre et organise des secours avec l’aide de 3 000 civils. Ensemble, ils soignent les blessures, apportent de l’eau et recueillent les derniers mots des mourants pour les transmettre à leurs proches.
Dunant finance de sa propre poche l’achat de draps et de vivres. Les blessés, sans distinction de camp, sont soignés. Les femmes du village voisin scandent « Tutti fratelli » (« Tous frères »). L’entrepreneur réussit à convaincre les forces françaises victorieuses de libérer les rares chirurgiens autrichiens capturés, afin qu’ils viennent prêter assistance aux équipes médicales civiles. Cet acte humanitaire étonne à l’époque, car les armées disposent alors de plus de vétérinaires que de chirurgiens, et les équipes médicales militaires sont considérées comme des cibles au même titre que les autres.